Si l’on comptabilise toutes les variantes, y compris orthographiques, on ne s’en sort plus, surtout en grec (pour l’Ancien Testament, il suffit de voir les apparats critiques des éditions de la Septante à Göttingen). D’un autre côté, l’édition “standard” de l’AT (la fameuse BHS) fait l’impasse sur nombre de variantes jugées inintéressantes ou secondaires, alors qu’on sait aujourd’hui (grâce à Qumrân) que certaines sont anciennes. Bref, il est aujourd’hui impossible de faire un décompte des variantes, et ceux qui avancent des chiffres se contentent de citer une source qui elle-même cite une source qui elle-même donne un chiffre au hasard. Vous vous êtes faits piéger en donnant les chiffres de 5000 et 1400, et Valérie se fait elle aussi piéger en parlant de 150 000 variantes, ou même 400 000 variantes. Ces chiffres sont à la fois erronés et inutiles. L’idée même d’avancer des chiffres est problématique d’un point de vue méthodologique et épistémologique. Je ne peux donc que vous conseiller de résister à cette tentation, d’autant que vous avez un devoir de sérieux et de crédibilité auprès du public.
Cela étant, je comprends que vous vouliez indiquer au lecteur l’ampleur de la tâche qui attend le philologue. Dès lors, le chiffre de 5000 variantes pour l’AT est effectivement sous-évalué. Je te propose de parler de “plusieurs dizaines de milliers de variantes” (et tu peux me citer sur ce point). Cette indication est à la fois évocatrice (le lecteur comprend qu’il n’y a pas juste quelques dizaines ou centaines de variantes), et réaliste (on ne cherche pas à faire croire au lecteur que les variantes sont toutes connues et dénombrées).
Bon courage pour ce beau travail sur l’expo, c’est toujours un plaisir d’y collaborer !

2012/4/5

Cher Michael Langlois,

En plein travail nous sommes confrontés à une question sur le texte suivant :

“On dénombre quelque 5000 variantes pour l’Ancien Testament, et environ 1400 pour le Nouveau Testament.” 

Or Valérie Duval-Poujol nous a fait remarquer que ce nombre était sous évalué ; après quelques recherches elle parle de 150 000 à 200 000 variantes rien que pour le NT. J’en conclus que le chiffre qui a été mis dans l’exposition est un nombre de lieux variants plutôt que de variantes à proprement parler. Qui plus est, il faut sans doute parler de variantes significatives en ne prenant pas en compte les fautes d’orthographe, qui feraient peut-être monter le nombre à 400 000…
Ma question est donc : disposes-tu de données similaires sur la Bible hébraïque ?
Nous voudrions trouver une formulation qui soit plus précise et explicite quelque peu ce nombre apparemment faux
Merci de tes lumières.
J’ai eu encore d’excellents retours des deux conférences à Orléans, tes interventions sont comme toujours plébiscitées. Un grand merci de faire vivre ainsi l’expo et la découverte biblique !

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *