Les premières Bibles protestantes apparaissent dès le XVIᵉ siècle. Elles contiennent les livres dits “apocryphes” (“cachés” en grec), dont le statut était controversé car ils étaient reconnus par l’Église catholique romaine mais pas par les rabbins ; ils n’avaient pas été transmis en hébreu.
Au début du XVIIIᵉ siècle, on voit apparaître des éditions françaises (comme celle de Martin) qui critiquent ces livres, tout en continuant à les inclure. Un peu plus tard, d’autres éditions (comme celle d’Ostervald) finissent par supprimer ces notes négatives.
Au tournant du XIXᵉ naît le mouvement des Sociétés bibliques, notamment la “British and Foreign Bible Society” qui devient rapidement très influente. Elle décide de ne pas éditer les apocryphes ; cela crée une controverse, et certains milieux protestants francophones se plaignent qu’une maison d’édition impose des décisions aussi importantes. Ma famille possède encore une Bible Ostervald de 1822 qui contient les apocryphes. C’est l’une des dernières éditions.
L’essor des Sociétés bibliques au XIXᵉ siècle marque ainsi un tournant dans l’histoire des éditions françaises de la Bible. C’est d’ailleurs à cette époque qu’on décide de procéder à une traduction totalement nouvelle, confiée pour l’Ancien Testament à un bibliste nommé Louis Segond. Sa traduction paraît en 1873. Elle ne contient pas les apocryphes.
Il faudra attendre un siècle pour que les protestants aient à nouveau une version de la Bible avec les apocryphes : c’est le projet de la Traduction œcuménique de la Bible (TOB). Grâce à une collaboration entre protestants et catholiques, les protestants francophones ont à nouveau pu découvrir ces livres controversés. Et en 2010, la TOB a même été augmentée pour inclure les livres des Bibles grecques orthodoxes. J’avais proposé qu’on y ajoute les livres des autres Églises orthodoxes, notamment le livre des Jubilés ou celui d’Hénoch, mais des considérations éditoriales (y compris des questions de coût et de popularité) ont conduit la Société biblique française à y renoncer.
D’autres projets d’éditions de la Bible font le choix de proposer deux versions : avec et sans deutérocanoniques. C’est par exemple le cas de la Bible en français courant, ou de la Parole de Vie. Ainsi, on laisse le choix aux lecteurs ! 😉
Quelle que soit la version ou l’édition, la Bible n’a pas fini de faire parler d’elle !
On Thu, Nov 7, 2024 at 5:42 PM
Bonjour, Merci pour vos enseignements en ligne. Je cite votre
enseignements sur youtub ou vous dites :”C'est pratiquement depuis la
fin du 19ème siècle environ, Louis Segond pour des raisons purement
commerciales, qu'on a retiré des traductions françaises protestantes
de la Bible (protestante) les deutérocanoniques. “
Avez-vous une référence de ce que vous exprimez ? PAr avance merci