Bonjour M. Langlois,
Je me permets de vous contacter en tant qu’étudiant en théologie
(ICP Paris), et suivant vos cours sur YT avec grand intérêt, car je
suis intéressé par la critique textuelle et l’histoire de la
transmission des textes bibliques.
J’ai récemment découvert les travaux de Bart Ehrman sur la
transmission des textes du Nouveau Testament et leur évolution. Je me
demandais comment ses recherches sont perçues dans le monde
académique francophone. Son approche vous semble-t-elle
représentative des consensus actuels en critique textuelle ?
Plus généralement, il existe plusieurs approches de la critique
textuelle biblique, allant d’une vision plutôt philologique à une
lecture plus historico-sociologique des évolutions des textes.
Quels chercheurs contemporains considérez-vous comme les plus dignes
d'intérêt aujourd’hui dans ce domaine ?
Je vous remercie par avance pour votre temps et votre éclairage sur
ces questions.
Bien cordialement,
La critique textuelle s’intéresse à l’évolution d’une œuvre littéraire en comparant notamment les manuscrits et autres témoins du texte (citations, traductions…). Traditionnellement, on la distingue de la critique littéraire, ou historique, qui s’intéresse à l’histoire de la même œuvre jusqu’à sa forme finale. Or cette distinction n’est pas toujours juste car, dans le cas de la Bible, on dispose de manuscrits très anciens qui témoignent d’une époque où le texte biblique n’est pas encore finalisé. Ainsi, si l’on étudie l’histoire du texte biblique à partir de ses plus anciens manuscrits, on est à la fois dans la critique littéraire et dans la critique textuelle.
Malheureusement, la recherche ne tient pas suffisamment compte de cette nouvelle donne, si bien que peu de spécialistes combinent les deux approches. En outre, ceux qui le font ont souvent du mal à distinguer ce qui factuel et ce qui relève de l’interprétation.
Je connais peu les travaux de Bart Ehrman ; j’ai cru comprendre que, du fait de son histoire personnelle, il suppose de la part des auteurs biblique une intention de tromper leurs lecteurs par le biais de la pseudépigraphie (c’est à dire le fait d’écrire sous un faux nom, par exemple en se faisant passer pour l’un des apôtres). Il convient donc d’être prudent à la lecture de ses travaux, mais j’ai néanmoins lu chez lui des choses intéressantes. Il faut juste faire attention à bien distinguer les faits de l’interprétation qu’on en donne.
Je vous souhaite beaucoup de plaisir à étudier la Bible !
On Tue 11 Feb 2025 at 12:46,