Certains passages des épîtres attribuées à l'apôtre Paul semblent en effet limiter considérablement la place des femmes dans l'Église : en 1 Corinthiens 11, 5, il demande que la femme soit voilée quand elle prie ou prophétise à l'Église ; quelques versets plus loin, en 14, 34, il demande que les femmes se taisent à l'Église ; en 1 Timothée 2, 12, il demande que la femme reste en silence et n'enseigne pas.

Le point commun de ces passages est la soumission de la femme à l'homme, avec en trame de fond l'épisode du fruit défendu dans la Genèse : lorsque Dieu a créé l'homme et la femme, il les a placés dans le jardin d'Eden en les autorisant à manger de tous les fruits sauf un. Mais la femme, trompée par le serpent, a mangé du fruit, et en a donné à l'homme qui en a aussi mangé. Les conséquences de leur désobéissance sont multiples et listées en Genèse 3, 14-19 : perte d'immortalité, labeur, souffrance… et domination de l'homme sur la femme.

On pourrait donc se fonder sur cet épisode pour interdire à la femme toute position d'autorité sur l'homme. Mais en réalité, ce récit met au contraire l'accent sur le fait que cette domination de l'homme sur la femme n'était pas dans le projet de Dieu pour l'humanité. Elle est la conséquence du péché ; or, le salut offert par Dieu vise précisément à renverser les effets du péché. C'est pourquoi le même apôtre Paul dit : “il n'y a plus ni Juif ni Grec ; il n'y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n'y a plus ni homme, ni femme ; car vous êtes tous un dans le Christ Jésus” (Galates 3, 28).

Cette parole de Paul était prophétique : elle montrait l'objectif à atteindre, sachant que le chemin serait long. Nous sommes en transition, en chemin, ce qui explique que tout n'est pas parfait et qu'il faut aussi tenir compte du contexte dans lequel nous évoluons. Mais ce n'est pas une raison pour faire du sur-place : à nous de mettre en pratique cette parole prophétique et de lutter contre les discriminations raciales, sociales ou sexuelles.